Sur la question hybride vs reflex, il me semble que les gens n’ont pas forcément une perception claire de ce qui compose fondamentalement un appareil photo, à savoir :
- une chambre noire (la camera obscura)
- un objectif (fixe ou interchangeable, de focale unique ou variable) doté d’un système de mise au point (manuelle et/ou automatique)
- un capteur (argentique ou numérique)
- un système de visée (visée optique distincte claire avec loupe type galiléen, avec ou sans télémètre ; visée optique reflex c'est à dire au travers de l'objectif redressée par un miroir et un prisme sur un verre dépoli ; visée sur écran d’après image issue du capteur, que ce soit un grand écran au dos de l'appareil ou un petit écran dans un viseur façon viseur optique).
- généralement un système de mesure de la lumière pour calculer l’exposition.
Des abus de langage en photo on en a des tas, justifiés par le désir de simplifier les choses au risque d'être simplistes (il n'y a pas qu'en photo : les termes bio / organic n'ont pas plus de sens pour désigner l'agriculture non inféodée à l'agro-chimie industrielle). Historiquement le format 24x36 a même été d’abord appelé double frame par Leitz, inventeur du premier appareil 24x36 mm, car ce format faisait le double du format cinéma courant de l’époque : 24x18 mm, et le premier Olympus Pen F en 1963 a été présenté comme single frame en référence à ce format cinéma initial, puis l’appellation demi-format pour les appareils 24x18 s’est imposée par la suite.
Hybride en est un autre, il s'agit simplement d'appareils à visée numérique et objectifs interchangeables, mais pour ceux qui ont voulu un terme simple, un reflex semble désigner un appareil à objectifs interchangeables, les reste des appareils étant regroupés sous le terme de compacts, ce qui est déjà une vision simpliste. On voit ainsi où mène l’accumulation de ces raisonnements erronés…
Au demeurant, les zélotes de la visée reflex contempteurs de la visée numérique ont des arguments assez curieux quand on leur accorde un peu d'attention :
- certains trouvent que la visée numérique les coupe de la réalité, mais c’est le même argument que les amateurs de la visée claire directe opposent justement à la visée reflex, car la visée reflex, c’est une visée sur un dépoli, une représentation 2D déjà distanciée de la scène et donc une interprétation de la réalité, avec une profondeur de champ et une luminance qui ne sont pas non plus celles que l’on pourra observer sur l’image finale tirée.
- certains prétendent que la visée reflex permet de voir ce que l’on photographie tel que l’appareil le voit, contrairement aux viseurs clairs jugés moins précis et souffrant de parallaxe, mais tous les appareils reflex n’ont pas un cadrage couvrant 100% de ce que voit le capteur, le relevage du miroir le temps de la capture du cliché fait que fondamentalement on ne voit pas l’instant que l’on a saisi, tandis qu’avec la visée numérique, on va un pas plus loin en voyant directement ce que le capteur voit et enregistre pendant qu’il l’enregistre, même si les écrans ne sont pas calibrés et manquent de définition.
Dans le cinéma, quasiment personne travaille en visée optique, tout le monde a compris qu’un écran déporté pour le réalisateur est bien plus efficace en donnant plus d’aisance aux opérateurs…
Après, comme nombre d’intervenants l’ont écrit : si on ne ressent pas d’effet wahou face à une photo, outre qu’il faudrait préciser ce terme, plutôt que du matériel, la cause est probablement à chercher du côté d’une part de l’auteur, et d’autre part, du spectateur.
Michael Kenna utilise aussi bien du matériel pro Hasselblad à quelques milliers d’euros, et des Holga en plastique à une poignée d’euros, il ne fait pas les mêmes images avec ces deux matériels, mais il en fait de bonnes et c'est l'essentiel…